bosnie (2014)

Bosnie

Première partie : Retour de Bosnie

J’étais parti, en revenant de Bosnie-Herzégovine, pour écrire un texte plus complet et plus fouillé sur l’ensemble des aspects que j’avais vus  ou réfléchis. Et je me suis retrouvé, après mon retour, à devoir choisir entre l’utilité de proposer rapidement des clefs de lecture sur les derniers événements, et l’idée plus laborieuse d’écrire jusqu’au contentement petitement intellectuel d’une belle production. Heureusement, je fus rattrapé par un bon principe prolétarien : le travail est le premier ennemi du travailleur. Le projet d’une production sans productivité, celle qui abolira l’économie que nous haïssons, m’a ramené à la raison que l’utilité bien partagée d’une activité vaut plus que sa qualité abstraite. Ce récit aura donc une suite si l’utilité  s’en fait sentir ; je n’ai pas envie, pour l’instant, de m’enfermer dans une activité qui ne m’est pas aisée d’écrivain.

              Vive la révolution                                           A bas le travail

Cependant…, je pense également que des aspects nombreux et interessant soulevés par ces évènements méritent des développements, également pratiques, qui gagneraient à être plus collectifs.

L’existence de la Bosnie Herzégovine  sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, comme construction politique inextricablement  bancale,  est le résultat direct de la défaite des luttes sociales des années 80 en Europe dans le cours des restructurations économiques qui se sont imposées à l’économie mondiale lors de cette période. Il fut plus précisément le résultat de la déconstruction de la Yougoslavie dont ce bricolage multiethnique  a été une condition nécessaire. Cette question fut ainsi résumée par un prolo qui répondait, dans le Plenum de Mostar, à une intervention précédente valorisant la multiethnicité du pays: « Tes histoires multiethniques ont en a rien à foutre, avant la guerre on ne savait pas qui était quoi et on se portait mieux. »

            Le processus de dislocation de l’état yougoslave est inséparable des résistances sociales, en Europe et ailleurs, face aux restructurations de la fin des trente glorieuses dont les effets se sont violemment affirmés à partir de la fin des années 70/ début des années 80. La même  « vague libérale » qui écrase les luttes ouvrières britanniques au travers de la période connue sous le nom de « grève des mineurs », essaime ses licenciements de masses, fermetures d’usines et disparition de secteurs industriels à travers l’Europe. Les répercussions de cette vague  vont, à l’autre bout de l’Europe, déterminer la dislocation de la Yougoslavie.

            L’intégration de l’économie yougoslave au jeu politique mondial lui avait permis un développement économique  continu jusque dans les années 70, assurant par sa dépendance aux crédits fournis par le système monétaire international un contrôle renforcé sur sa structure socio-économique interne.

Cette dépendance  se manifeste, à partir du début des années 80, par l’imposition de se conformer aux nouveaux impératifs internationaux en termes de règles économiques et sociales. C’est contre cette tentative de mise au pas aux nouveaux impératifs que se développe, sur l’ensemble des parties de l’ex-Yougoslavie, sans exception, une résistance sociale farouche qui se manifeste de 1985 à 1992 (et se prolonge dans la guerre) par un mouvement ininterrompu de luttes déterminées s’attaquant à la bureaucratie maîtresse du pays, et exécutrice  pour son propre intérêt bourgeois des réformes exigées par le FMI.

            C’est dans ce contexte que la généralisation des luttes sociales yougoslaves arriva à démontrer que cet Etat n’était plus capable de jouer son rôle d’Etat, c’est-à-dire de faire rentabiliser  par ses prolétaires le montant des capitaux investis sous forme de crédit dans l’état yougoslave. C’est contre la résistance des prolétaires yougoslaves que furent organisés et soutenus la réponse nationaliste et l’éclatement  ethnique, au travers desquels la guerre imposa la paix sociale. Cette solution fut, dans ce contexte historique, déterminée  par l’écroulement de l’URSS entraînant un mouvement de captation des marchés  d’Europe Orientale par les capitaux occidentaux et la redéfinition du contenu du projet européen avec  la réunification de l’Allemagne.

100 000 morts et 20 ans après, les prolétaires de Bosnie relève la tête: une série de résistances sociales secoue les différentes parties de l’ex-Yougoslavie. Les luttes qui ont éclaté cet hiver en Bosnie semblent marquer un nouveau pas dans le réveil des résistances écrasées par les nationalismes et la guerre dans un contexte international transformé et instable.

Il semble utile de prendre en compte que le réveil des luttes en Bosnie doit immédiatement  se comprendre dans ses relations avec les résistances qui éclatent  en ex-Yougoslavie et qui témoignent de l’épuisement « prématuré » des structures étatiques ayant assuré, dans une période précédente, la paix sociale au travers des stratégies nationalistes. Non pas que celles-ci soient vaincue par enchantement, mais que leur capacité d’opposer  les populations divisées en faisant attribuer aux intérêts nationaux des populations adverses les raisons de la misère s’est décomposée et n’est ici plus jouable dans le nouvel environnement  européen. Présent dans certaines situations, cet aspect  « ethnique » non pas de division des luttes mais de frein à leur déclenchement, a perdu sa dynamique et s’épuise même s’il survit comme un champ de  cicatrices plus ou moins enfouies selon les situations régionales.  Par ailleurs, réapparaît un certain « yougoslavisme » qui porte en soi une critique de l’écrasement nationaliste. C’est une nouvelle limite aujourd’hui plus concrète, porteuse d’illusions néo-titistes  idéalisant la version orientale du compromis social de l’après-guerre, qui se manifestait, plus qu’à l’Ouest, par de fortes garanties sociales de revenu minimum assuré, de logement, de santé et d’accès gratuit  aux études, rappelant une période idéalisée d’avant les divisions nationales. Une période, où « contrairement  à aujourd’hui, l’Etat aurait été capable de bien jouer son rôle ». Il reste dans l’ombre de la mémoire sociale que la « yougoslavisation » actuelle des mécontentements sociaux est, par-delà un dépassement des nationalismes de ces vingt dernières années, également celui de la situation dans l’ancienne fédération yougoslave où la répression sociale qu’organisait séparément chaque bureaucratie sur la population de sa république avait les mêmes objectifs de division. La fulgurance avec laquelle se sont répandues les nouvelles de la révolte bosniaque et la rapidité des expressions de solidarité à son égard de Skoplje à Zagreb, étaient inenvisageables dans le système médiatique et policier titiste.

L’arrogance avec laquelle ont été exécutées les réformes du FMI depuis 20 ans, d’abord par l’ancienne bureaucratie reconvertie dans le libéralisme, puis par les nouvelles générations d’entrepreneurs ayant en partie pris la relève, n’a fait que radicaliser la vision mafieuse qu’a, des politiciens et des nouveaux capitalistes  locaux, une population aux abois. Le discours tantôt nationaliste tantôt social-démocrate qui fut l’apanage de ces « mafias » a largement participé  à l’épuisement de leur vernis idéologique.

Il n’en reste pas moins que le discours dominant de la contestation est marqué, dans la région, par la demande d’un Etat compris comme « bonne organisation de la société »  et qui sortirait de son chapeau de magicien des politiciens apolitiques et des entrepreneurs honnêtes, bref un Etat idéal qui fait bien son boulot sous le contrôle de sa population. Il serait cependant  tout à fait déplacé de juger ces  demandes en les classant dans des catégories réductibles à leurs apparences. Une réalité sociale n’existe pas en soi. Elle est ce qui se développe dans le mouvement, et l’expression de ses contradictions, et la brutalité de celles-ci faisant face à la lucidité qu’ont les prolétaires de l’impasse de leur situation, laisse aujourd’hui peu de place à des alternatives politiciennes durables. C’est ce qu’exprime l’épuisement du cadre politique de gestion qui fut imposé à la zone yougoslave, il y a une vingtaine d’années. Les limites de ces situations, aujourd’hui comme il y a 25 ans, sont également déterminées  par la situation internationale qui les contextualise.

Le caractère prolétarien  de ces luttes engageant  des sans-réserves  s‘affrontant, au travers des autorités, à leurs dramatiques difficultés d’existence est permanent dans ces antagonismes sociaux, aussi bien en Bosnie-Herzégovine que dans les régions voisines, contribuant par-delà les nouvelles frontières à un certain niveau d’homogénéité des conditions de lutte sur l’ensemble des territoires où elles s’étaient développées avant la guerre.

L’invocation de la démocratie réelle  ou participative  est permanente.  L’aspect dominant de ce démocratisme est souvent localiste, en opposition à l’incompétence des solutions élaborées dans les hautes sphères lointaines de la politique. La contestation sociale navigue donc dans un discours anti-parti et anti-politicien, et anti-privatisations. Il est, dans la situation hérzego-bosniaque, marqué par un anti-nationalisme général et par un antifascisme qui n’a pas le même sens selon qu’il est utilisé par les bureaucrates de la république serbe de Bosnie ou par les populations d’Herzégovine. Ce dernier prend en partie un aspect particulier dans une région où ont agi pendant la guerre des milices nationalistes  croates (soutenues par certains gouvernements) se  réclamant ouvertement  du nazisme (et non du fascisme relié dans l’historique de l’extrême droite croate à l’Italie qui avait privé la Croatie d’une partie de son littoral).

Avant  de développer d’autres aspects, il faut évoquer ces « assemblées populaires » qui ont pris le nom de « Plenum » à Tuzla et qui se sont multipliées sous différentes formes à travers la Bosnie-Herzégovine en colère. Il serait utile d’entrer un peu dans le fonctionnement du Plenum de Sarajevo pour situer quelques oscillations contradictoires  de cette nouvelle  démocratie :

Le 17 février, avant de monter à l’étage où il se tient, je suis arrêté dans le hall d’entrée par les flics qui assurent la sécurité du Plenum ( des vrais, avec uniformes…) : On me fait passer dans un portail détecteur de métaux et les sacs doivent parallèlement  passer sur tapis roulant dans un détecteur  approprié. Ma bouteille d’eau est ouverte pour vérifier qu’elle ne contient pas subrepticement de l’alcool  ou de l’essence ( ?).

La salle de réunion, dans laquelle on rentre par le premier étage, est un vaste amphithéâtre  avec au-dessus un large couloir circulaire où se trouvent sièges et  petites tables. De-ci de-là, circulent , tout à fait détendus , pas franchement amicaux mais presque, de un à trois flics s’assurant que personne ne trouble la démocratie. On note bien, dans ce tas d’uniformes, que quelques-uns sont plus attentionnés que d’autres et que leur activité relève  davantage  du Renseignement Général que de la circulation automobile.

Les discussions et les interventions sont fluides. Un souci de recherche d’unanimité n’entrave pas des expressions critiques résolues. Dans cette atmosphère cosy, on est presque entre gens bien.

Il s’y trouve, à mon avis entre 600 et moins de 1000 participants. Les gens sont plus nombreux qu’au rassemblement qui a eu lieu avant dans la rue, parce qu’un certain nombre d’entre eux y viennent après le travail.

            Le point à l’ordre du jour est le suivant : en résumé, «  Personne ne peut représenter le Plenum, mais nous devons choisir qui portera physiquement nos doléances/revendications  aux autorités. Treize volontaires se sont proposés, nous avons convenu, auparavant (?),  d’une délégation de sept personnes pour ne pas être trop nombreux… Il va donc falloir décider qui ira, qui n’ira pas… Les 13 citoyens volontaires  vont se présenter à vous un par un » ( le terme  « gradanin », extrait de « grad », cité ou bourg, peut se traduire par citoyen ou… bourgeois, ce qui est une manière involontaire de remettre la démocratie à sa place)

Les 13 personnes se présentent très sobrement, nom prénom activité et deux trois remarques. C’est en majorité des chômeurs, quelques prolos en activité, quelques retraités,  deux travailleurs émigrés revenu en Bosnie, l’un de Suède, l’autre de France. Dans mon souvenir, il y avait trois femmes. (Les femmes étaient nombreuses dans l’assistance et présentes, plus généralement,  dans les interventions)

Une fois que tout le monde s’est présenté, la fille qui tenait le micro a fait repasser les « citoyens » un par un pour les exposer aux décisions de l’assemblée. Les deux premiers se sont fait siffler direct, puis les autres ont été retenus ou rejetés selon une procédure un peu aléatoire  et mouvante mais toujours très démocratique. La question posée était tour à tour est-ce que vous en voulez ou est-ce que vous n’en voulez pas, sans ordre très précis dans les questions. Ceux qui étaient rejetés  l’étaient, il me semble, toujours après plusieurs tours de question. Certains, connus, étaient acclamés  et élus dans la foulée. Au bout de cette séance qui dura un certain temps, sept personnes furent choisies. Puis, une fois ce choix fait, l’un des « élus » prit le micro à la fille qui dirigeait les débats et dit : « Ecoutez,  en ce qui me concerne j’ai été choisi, ce n’est donc pas pour faire changer la décision pour moi-même que j’interviens, mais pourquoi on n’y va pas tous ? » Acclamation. La fille reprend le micro et met la proposition au vote. Il est ainsi décidé que tous les volontaires  participeraient  à la délégation. Parallèlement  à cette dernière décision, j’avais remarqué que les décisions de rejet ou de choix des citoyens délégués étaient relativement influencées par une partie de l’assemblée dans laquelle se trouvaient les probables participants aux déprédations criminelles des biens publics dont les noires traces de fumée habillaient encore certains bâtiments officiels dans l’attente de leur disparition définitive.

Mais c’est là une autre question que l’on abordera plus tard. On peut cependant préciser que, contrairement à Tuzla, la question de la libération des manifestants embarqués est absente. Leur nombre est inconnu et aucun suivi de cette question n’apparaît. Ce qui est d’autant plus gênant que les journaux comme les échanges que j’ai eus évoquaient, sans précision, des descentes de flics chez des gens, en cours ou après les événements du 7 février.

Voilà donc quelque aspect pratique de ce qui, en l’état, ne peut pas réellement s’affirmer comme un contre-pouvoir, mais qui dans son rapport allergique à l’idée du politique se positionne comme une force de proposition pour corriger ce dernier.

Il faut cependant supposer pour une évaluation plus générale de la situation qu’il existe des modulations notables dans les différentes situations locales.

Indépendamment de leur positionnement dans le contexte international de la période, les évènements de Bosnie trouvent leur place dans  la situation de  paupérisation et de résistance des différentes parties de l’ex-Yougoslavie.  En ce sens, cette aire constitue une forte proximité de perception et de conditions socio-économiques reliées par des vagues précédentes de luttes dont l’amnésie s’estompe. Ce que souligne les expressions spontanées de soutien provenant depuis début février des différentes parties de la zone yougoslave ou le rappel courant de la situation d’il y a 20 ans,  d’avant les divisions nationales. (Une récente brochure sur les luttes actuelles au Portugal abordait la question de la mémoire des luttes. La remontée des expériences présentes et passées qui anime les luttes dans la zone yougoslave semble s’inscrire dans ce courant de ressaisissement  illustrant cette problématique). Quelle que soit  la longueur du chemin, ces mouvements sociaux, indépendamment de tout discours, contribuent à dépasser les frontières taillées à la hache pour les diviser.

Il est utile, pour la compréhension des événements bosniaques et la situation plus générale, de dire quelques mots sur une lutte qui se déroule en Serbie et qui concerne un atelier de fabrication de wagons. L’information date du 10 février, elle se conjugue avec l’incendie bosniaque.

Les travailleurs d’une entreprise de construction de matériel roulant, concernant 250 salariés, sont en grève et bloquent les voies de chemin de fer à Kraljevo.

En  avril 1987, les 400 salariés d’alors de cette même entreprise ont mené une grève déterminée contre les pertes de salaires dues à l’écroulement de la valeur du dinar, ils s’étaient alors inscrits dans un cours de généralisation et de radicalisation des luttes qui se manifestait par l’exigence du licenciement des directions d’entreprises qui ne leur assuraient pas le maintien de leurs salaires. (Ce contre quoi la bureaucratie et ses syndicats, dénoncés par les travailleurs, ont avec le financement de leurs soutiens occidentaux, promu les réponses nationalistes pour répondre aux travailleurs que c’était de la faute de la population de l’autre république qui s’accaparait le produit de leurs efforts).

Actuellement les informations sur cette lutte indiquent qu’ils subissent un retard cumulé d’un an de salaires, qu’ils n’ont plus rien touché depuis leur dernière grève qui remonte à huit mois, qu’ils bloquent un nœud ferroviaire, qu’ils ont constitué un comité de grève impliquant qu’ils se sont débarrassés des syndicats. Il apparaîtrait que leur blocage empêche le passage de la production des véhicules d’une usine Fiat, indiquant par là qu’ils occupent un poste stratégique de transit ferroviaire. L’état serbe ne semblait pas, à cette date, en mesure de les virer manu militari puisque le représentant du comité de grève a été reçu au ministère des finances où on lui a proposé le paiement immédiat d’un mois de salaire et un autre versement équivalent d’ici moins d’un mois. Proposition rejetée par les travailleurs qui exigent la totalité de leurs arriérés et le rétablissement de leurs garanties sociales (lié , il me semble, à la délivrance de la fiche de paye). La direction de la société a, ou a été, démissionnée, ce qui n’entame en rien la décision du comité de grève de maintenir le blocage des voies.

Il se déroule plusieurs mouvements de ce type actuellement en Serbie, mais il est difficile de savoir s’il s’agit à proprement parler de grèves ou d’entreprises en faillite (plus ou moins organisées après une privatisation, comme cela apparaît dans différentes situations en Bosnie) et qui sont occupées par les travailleurs pour obtenir leurs arriérés de salaires.

Les mouvements de ce type se multiplient également dans différents pays d’Europe orientale (et ailleurs).

Après avoir avancé quelques éléments sur l’épuisement de l’encadrement nationaliste des réalités sociales de l’aire yougoslave, une autre observation s’impose.

La complexité des cohabitations culturelles en Bosnie-Herzégovine sur un territoire réduit ne répondait, au départ, à aucune possibilité de délimiter des frontières territoriales pour chacune de ces réalités, ce qui était d’autant plus initialement aberrant que les références personnelles à ces identités étaient aussi complexes que relatives. Le choix occidental de déconstruire la Yougoslavie en reconnaissant des Etats nationaux livrés à autant de nationalismes particuliers devenait très alambiqué à mettre en œuvre en Bosnie-Herzégovine. Cet impératif n’en était pas moins une nécessité pour achever la décomposition de la Yougoslavie.  Délimiter des territoires dotés d’un pouvoir ethnicisé était le préalable à la reconnaissance politique de cet état-patchwork, d’où la confusion du résultat.  Ce qu’on nomme la purification ethnique est une conséquence directe de la mise en œuvre de ce projet. Les trois entités nationales  à définir étaient les Croates, les Serbes et les « Musulmans » que l‘on nomme actuellement les Bosniaques. Les nationalismes croate et serbe se sont respectivement appuyés sur les moyens militaires de la Croatie et de la Serbie, et idéologiquement sur leur discours national patriotique et les références historiques ressuscitées pour l’occasion,. La partie « musulmane »  et son discours national ont été inventés en quelques années, sans référence historique, entre 1992 et 1995. D’où la moins grande intégration, dès le départ, du discours national patriotique sur la zone bosniaque. Cela n’est pas une explication, mais un élément à prendre en compte dans la manière dont s’est étendue la dernière révolte en Bosnie où, à l’exception de Mostar, les formes les plus déterminées ont éclaté sur la zone bosniaque de la Bosnie-Herzégovine. Pour la zone « croate » elle s’est limitée à Mostar qui se trouve à cheval sur la partie bosniaque. Quant à la partie « serbe », il y a eu des troubles et des manifestations à Banja Luka (et peut-être ailleurs) mais il n’y ont pas pris la même ampleur.

Deuxième partie : Le joli mois de février…

Introduction

Un syndicaliste dont j’ai perdu le nom a eu cette hallucination dès le 5 février :

« Que tous les gens de toutes les villes et de tous les cantons se lèvent et se battent ! ». Heureux soit l’exaucé qui dans ce moment de prémonition a complètement oublié de rester syndicaliste !

Ce 5 février  2014 pourrait effectivement être considéré comme le jour du départ d’un incendie social qui, patience aidant, pourrait bien avoir de l’avenir. La question n’est pas de faire des pronostics. Il s’agit d’essayer de saisir les implications possibles d’un événement qui clôt la défaite des plus importantes luttes de résistances aux restructurations des années 80. Il s’agit de saisir, dans  le resurgissement actuel dans cette zone yougoslave, ce qui dans ces luttes sociales répond aujourd’hui à la situation issue de leurs défaites passées qui les ont livrées à de nouveaux Etats réduits à des exécutants locaux plus malléables aux consignes successives du FMI.

Voilà donc une situation concrète où les frontières nationales mises en place au début des années 90 pour écraser les résistances sociales au « nouvel ordre mondial » aboutissent aujourd’hui  à un rejet social de ces divisions. Les luttes qui s’affirment en Bosnie-Herzégovine propagent leurs échos au-delà des frontières qui les ont étouffées dans les divisions nationales,  en se ressaisissant de l’expérience de leurs défaites passées. Ce mouvement est un pas en avant qui n’a d’avenir que dans les luttes qui lui répondront et dans la mesure où il s’y inscrit lui-même comme un moment de leurs émergences.

Contre les divisions nationales qui furent l’instrument de son écrasement au début des années 90, ce surgissement social affiche  immédiatement son rejet des nationalismes et affirme ses solidarités sur l’ensemble de la zone yougoslave censée, selon les discours officiels largement intégrés en occident, avoir disparu comme le rejet d’une oppression passée. Il n’est pas curieux qu’on entende en Bosnie-Herzégovine évoquer le terme de « printemps bosniaque »

  Au cours d’une demi-douzaine d’années  d’entêtement, jusqu’à l’orée des années 90, les prolétaires de Yougoslavie sont restés parfaitement « contre-historiques ». Ils n’ont en effet jamais envisagé dans la situation de la période que leurs luttes ouvrières d’une autre époque, tentant de défendre leurs  droits de rester exploités comme auparavant, étaient vouées à l’échec. (Leur résistance à la dégradation de leur situation a déterminé comme aujourd’hui leur mobilisation). Ils se sont battus jusqu’à vider un Etat de sa raison d’être : les faire travailler dans l’ordre imposé par les nouvelles normes d’exploitation.

Et cette victoire gagnée en pleine défaite générale du prolétariat, isolée de toute capacité d’extension, les réduisant à leur seule expression de classe productrice de son aliénation,  les a livrés, aux travers des reconstructions nationales qui leur promettaient un avenir meilleur, à leurs pires ennemis. C’est ainsi qu’à coup de nationalismes et de terreur ils se sont laissés embaucher, chacun à sa place, par l’armée qui leur offrait des armes pour se défendre, eux, leur familles, leurs amis et tirer sur leurs camarades de la veille. C’est ça la guerre.

  La révolte qui s’est levée en Bosnie-Herzégovine est celle de l’affrontement à cette histoire. Sa nécessaire liquidation, pour que vingt après,  à travers toutes ces épreuves,  se reconstruise pas à pas la solidarité des prolétaires contre des ennemis plus terribles que les entrepreneurs libéraux et les politiciens mafieux, contre la reconstruction de nouvelles illusions, cette fois- ci démocratiques ou mêlées à des relents néo-titistes, qui menace de les livrer de nouveau aux mêmes impératifs que ceux qui les ont conduits et les maintiennent dans leur situation révoltante. La bataille qui s’annonce est qu’il ne peut pas exister d’Etat hors des rapports sociaux qui font du prolétaire le producteur du monde qui l’écrase.

Il faut du pain  pour construire l’histoire.

La situation en Bosnie-Herzégovine reflète celle de la zone yougoslave et plus largement les conditions sociales d’une grande partie de l’Europe orientale.

Chômage très important, accès toujours plus coûteux aux besoins élémentaires (nourriture, santé, logement). Impasse sociale faisant vivre avec d’autant plus d’amertume les difficultés d’accès à la scolarité et aux études.

 Pratiques sociales arrogantes: salaires scandaleux, non-paiement et retards de salaire courants. Les privatisations imposées par les normalisations économiques recoupent des liquidations d’activités industrielles en fonction du marché international, accompagnées couramment par des pillages d’installations rachetées à trois ronds, dans le cadre de ces privatisations, pour être remontées ou revendues avec profit dans un autre site de la planète où leurs exploitations  s’avèrent  momentanément plus rentables … Un nombre important de luttes sont liées à cette réalité économique générale, d’un bout à l’autre de la planète, et abusivement qualifiée de mafieuse. Ces « abus » expriment la nature d’un rapport social, non pas ses déviances. Ce qui n’empêche pas qu’il est logique qu’il soit ainsi perçu par des travailleurs qui se retrouvent du jour au lendemain privés de moyens d’existence. Pour réduire le coût annexe de ces liquidations d’entreprises aucune disposition sociale  n’en amortit les conséquences. Elles sont par ailleurs rendues d’autant plus dramatiques que la pauvreté matérielle de la population qui en est victime réduit les capacités des solidarités sociales.

Ce pillage des ressources, qui n’est pas saisi comme fonctionnement normal de l’économie par les populations qui le subissent, est à l’origine d’une partie importante des luttes qui apparaissent dans les journaux ou qui nous arrivent aux oreilles, et ce n’est souvent que le caractère « abusif » des lois économiques qui est mis en cause, et non leur nature même.

Ce qui n’empêche en rien ces luttes de viser directement les intérêts immédiats de la bourgeoisie,  et de s’attaquer à ses capacités d’exercer ses fonctions.

Petite chronologie

Avant ce développement il serait utile de faire un détour par les accords de Dayton, pour livrer une vision approximative de la clarté institutionnelle de la Bosnie-Herzégovine. Elle se présente comme une Confédération comprenant d’une part la République Serbe de Bosnie dont la capitale est Banja Luka et d’autre part la Fédération Croato-Musulmane, elle-même composée de l’Herzégovine, croate, (qui est une région différente en soi de la Bosnie) dont la Capitale est Mostar. La Bosnie (Musulmane) commence à Mostar, sur l’autre rive de la Neretva  et constitue le second élément de cette fédération, sa capita, Sarajevo, est également la capitale confédérale. Il faut ajouter que, contrairement aux Croates d’Herzégovine, les Serbes de Bosnie et les Bosniaques sont Bosniens, en tant que populations de Bosnie. C’est simple, non ? Il suffit de préciser qu’en dehors de ces trois groupes il n’existe aucune reconnaissance institutionnelle  pour ceux qui ne pointent pas à l’une de ces identités  ou qui n’en ont pas envie : il en est ainsi des Roms, des Juifs (ils constituaient en ex-Yougoslavie la seconde importante population juive avec celle de Voïvodine) et une série d’autres minorités dont je ne sais pas ce qu’il reste encore.

5 février 2014

L’agressivité des méthodes économiques modernes et la pression sociale du chômage sont directement à l’origine des événements  qui prennent forme à partir des manifestations du 5 février. On  y retrouve, au coude à coude, travailleurs pauvres ou en attente de versement de salaires, grévistes occupants des entreprises dont la direction est partie avec la caisse,  beaucoup de chômeurs et quelques étudiants en attente de chômage, auxquels se joint d’évidence et en première ligne toute la jeunesse en colère.

Depuis des années, rien ne bouge dans la situation désastreuse de la population, tout se passe bien pour les exécutants des accords de Dayton et les bénéficiaires des réformes économiques libéralisant l’exploitation des ressources régionales, main-d’œuvre comprise. Ce jour-là des manifestations ont lieu à Zenica, Bihac, Prijedor, Sarajevo (2 000 manifestants), Tuzla (6 000 manifestants). Quelque chose se passe qui mettra… 24 heures pour éclater.

6 février

Un des rassemblements a lieu à Mostar, ville dont la position est importante dans cette révolte, dans la mesure où elle est la seule, parmi celles qui ont connu des expressions enflammées, qui se trouve à cheval sur une zone non bosniaque (ce que l’on appelait auparavant « musulmane »). Le rassemblement  a lieu dans la partie croate de la ville où se trouve le centre de la ville moderne. Les manifestants ont allumé des feux sur les chaussées et discutent et crient des slogans autour de ces feux. Il n’y a pas d’affrontement ce jour-là.

C’est à Tuzla, dans ce qui reste de cette ancienne ville industrielle, que se concentre la colère de cette journée. Le thème des slogans est la dénonciation du chômage, les magouilles des privatisations, des salaires non payés, des fermetures d’usines.

Il apparaît que les flics tentent d’intervenir et que cela se termine mal pour eux. Des affrontements très violents font 130 blessés dont 100 flics.

7 Février 2014. Le réveil des Balkans !

A Banja Luka, en république serbe de Bosnie se déroule un rassemblement sur les mêmes thèmes qui font monter la tension dans la région : chômage, privatisation crapuleuse, corruption des politiciens.

A Tuzla , Zenica, Sarajevo et Mostar, les principale villes de la Bosnie (précédemment appelée musulmane),  les parlements et bâtiments du Pouvoir prennent feu dans la même journée et une rage spontanée éclate à travers ce territoire, électrisant toute la région et au-delà.

A Mostar, fait important, la seule de ces villes en éruption qui se trouve à cheval sur la zone croate et musulmane, après avoir enflammé les bâtiments du gouvernement,  les sièges du HDZ, parti nationaliste croate et du SDA parti nationaliste musulman sont tous les deux  incendiés. Pour la petite histoire, il faut ajouter que l’un de ces bâtiments  officiels affectés par l’ardente critique des flammes fut couvert par des tags de la « Red Army » groupe de supporters « anti-fascistes » du club de foot local.

8 février 2014

Des manifs se produisent à travers toute la Bosnie.
Il n’y a pas d’affrontement signalé  ce jour-là à Sanski Most, Konjic, Sarajevo et Mostar.

À Bihac, le rassemblement se termine par un affrontement entre 2 à 3 000 manifestants  et la police

À Bugojno 500 chômeurs et travailleurs licenciés manifestent en soutien à Tuzla et exigent la libération de tous les manifestants emprisonnés.

Suad Zeljkovic, chef de l’administration cantonale de Sarajevo démissionne.

En moins de 24 heures, l’information se répand à travers les frontières :

En Serbie, en Croatie et en Macédoine (Le lendemain au Monténégro) des rassemblements de soutien à la colère des travailleurs de Bosnie-Herzégovine, sont organisés pour les jours prochains.

 Des arrestations ont lieu dans la région de Tuzla dans la nuit, dans les milieux anar et « extrême-gauche »

9 février

Les rassemblements quotidiens se généralisent à travers toute la BiH (Bosnie-Herzégovine).

Manif à Velika Kladusa. Les thèmes récurrents sont : 20 ans de mensonge, Gouvernement de voleurs. (il est à signaler que ce ‘20 ans’ est une référence au déclenchement de la guerre et à la création des Etats dirigés par des partis nationalistes s’étant engagés à résoudre les problèmes sociaux grâce à la libération « nationale »). Les rassemblements élaborent, comme partout, des plans  à imposer au gouvernement : à Velika Kladusa, il est question des limitations du salaire des élus, de la suppression de leurs avantages « exceptionnels », du contrôle ou de la dénonciation des privatisations…

10 février

À Belgrade : 300  participants à une manif de soutien à la « Bosnie-Herzégovine courageuse »

Manif à Kalesija . Pancarte :

Entrepreneurs  = esclavagistes

Travailleurs     = esclaves

11 février

Manifs dans une dizaine de villes de BiH ( Bosnie-Herzegovine)

1er Plenum de Tuzla, titre donné aux assemblées de lutte dans lesquelles sont invités à se joindre les « citoyens » pour discuter de la situation et élaborer leurs exigences. Le grand Théâtre de Tuzla accueille ce Plenum.

Sarajevo : Les travailleurs de l’Hôtel Holiday Inn en grève et de la compagnie des transports urbains sont, entre autres, présents avec leurs pancartes dans la manifestation .

12 février

1er rassemblement de soutien à Zagreb (Croatie)

     Une banderole anar : Vive la lutte de la classe ouvrière.

Sarajevo. Occupation de l’hôtel Holiday Inn par les salariés qui ne sont plus payés depuis deux mois. L’hôtel, construit pour les jeux olympiques de Sarajevo, a été privatisé en 2003 et revendu au groupe autrichien Alpha Baumanagement pour 22,8 millions d’euros. Les salariés l’accusent de violer les lois sociales avec la complicité du gouvernement et de ne pas respecter les dispositions de la transaction de privatisation.

Rappel de Hongrie sur la situation générale en Europe orientale : des travailleurs du secteur de la chimie occupent leur usine et manifestent à Budapest contre les propriétaires qui refusent de leur verser leurs arriérés de salaires.

 

13 février

1er Plenum de Mostar (capital de l’Herzégovine situé à cheval sur une zone croato-bosniaque, de part et d’autre de la Neretva).

200 personnes sont rassemblées dans la salle devant une banderole : « La liberté est notre nation »

Revendications avancées : Révocation du gouvernement de la BiH, arrêt du financement des partis.

Skoplje ( Macédoine). Manif de soutien à la BiH, le cortège se rend jusqu’à l’ambassade de Bosnie-Herzégovine . « Contre le nationalisme, le népotisme et la corruption ». Slogan totalement en phase, comme généralement partout sur la zone yougoslave, avec la perception de  la situation locale.

Zagreb ( Croatie) Une manifestation rassemble 1000 personnes dans un cortège qui se rend du marché aux fleurs à la place des victimes du fascisme. Banderoles   : Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes. Une seule classe, un seul combat.

Vranje (Serbie) Dans l’entreprise Jumko les travailleurs ne sont plus payés depuis 7 mois. 1500 manifestants bloquent l’autoroute Belgrade /Skoplje.

Kraljevo (Serbie) Manif des  travailleurs d’une entreprise en grève qui ne sont plus payés depuis mai 2013

 

 

 

14 février

Bihac. 220 travailleurs de Bira Bihac manifestent devant leur usine. Ils ne sont plus payés depuis novembre 2013. Ils sont rejoints par les travailleurs de l’usine Robot

Zavidovic , 5000 manifestants composés de chômeurs, d’invalides de guerre, des victimes civiles de la guerre et de leurs familles, de retraités et des travailleurs de « Krivaje » et d’autres entreprises, demandent la démission du maire SDA (nationaliste musulman) et de l’équipe municipale et proposent la nomination par l’assemblée d’un responsable sans parti jusqu’aux prochaines élections. Une partie de la manifestation prévoit une occupation de la place par une installation de tentes jusqu’à la démission de l’équipe municipale. Les troubles ont débuté le 7 février  Une mobilisation massive (il s’agit d’une petite ville) se prolonge au moins jusqu’au 17 février.

15 février

Podgorica (Monténégro)

 

Suite à un appel ainsi rédigé : Révolution au Monténégro

                                                Tous dans la rue

                                                 Demain au parlement

Différents groupes locaux, anar, « extrême gauche »… organisent un rassemblement de soutien aux travailleurs de Bosnie-Herzégovine. Les propos de la foule sont ponctués en arrière-fond par : voleurs, voleurs… à l’adresse des politiciens. Les propos sont très anti-nationalistes. Il y a derrière la foule un bâtiment brûlé dont j’ignore l’histoire.

Un vieux manifestant déclare : «  Nos enfants, les enfants des travailleurs ne sont pas devenus des hooligans (en parlant des incendiaires de Bosnie).Tout ce qu’ils ont brûlé n’est rien face à ce que détruisent ces rapaces. »

La manif s’est terminée par des affrontements avec la police et des caillassages, à l’issue desquels 20 manifestants ont été arrêtés.

Beograd (Serbie)

Rassemblement de soutien aux « héros de Bosnie-Herzégovine ».

Pancartes :

Aujourd’hui Tuzla, demain Beograd

Bosnie Héroïque nous sommes avec toi

Un baiser pour la Bosnie-Herzégovine ouvrière

Les nationalistes sont les valets des capitalistes

Nous sommes tous des Hooligans

Hooligan bosniaque, je t’aime

Au cours du rassemblement, les flics s’interposent à l’arrivée d’un groupe porteur de drapeaux serbes ornés des insignes royaux, qui distinguent l’extrême droite oustachi (référence à la résistance royaliste serbe liquidée par la résistance communiste du « croate » Tito pendant la dernière guerre avec l’aide des calculs politiciens de Churchill). Ils crient pendant quelques temps les noms de Karadjic ( surtout) et Mladic.

À Futog (Voïvodine- Serbie)

 L’entreprise « Milan Vidak » occupée est en lutte depuis le 21 janvier contre sa fermeture (Caractéristique plus proche, en apparence, des situations qui nous sont connues en France)

 

 

Osijek (Slavonie – Croatie)

 Rassemblement de soutien aux travailleurs de Bosnie-Herzégovine. (Osijek fait partie de la région de Slavonie occupée et bombardée par l’armée yougoslave  à partir de l’été 91 avant la seconde phase de la guerre qui s’est développée à partir de 1992 en Bosnie-Herzégovine. C’est une ville de Croatie où la situation politico-militaire a fait passer les travailleurs en lutte en 1991, directement de la grève  à la guerre.)

16 février (dimanche)

Mostar.

Spanski trg (place d’Espagne). 250 manifestants.

Une grande banderole :

                        Bosniaques, Herzégovniaques

                        Ne vous est-il pas clair que des roms, des juifs, et d’autres, vivent ici

                        Que soient maudit les peuples constitutifs ! *

                        Ensemble, unité des citoyens pour la prospérité et la solidarité

                        Merci Zagreb / Skoplje / Beograd

La grande banderole qui ornait le fond de la salle du Plenum est également là :

                        La liberté est notre nation.

* (les peuples constitutifs sont, à l’exclusion de tout autre, les trois entités bosniaque, croate et serbe)

 

 

 

 

 

17 février

Leskovac (Serbie).

Les ouvriers de l’usine « Interleminda » décident la grève totale et l’occupation de l’usine. Ce jour-là, ils bloquent la route principale Belgrade –Vlasotince

Les propriétaires leur doivent 1 million d’euros d’arriérés de salaires.

18 février

Skoplje (Macédoine).

Plusieurs centaines de chômeurs, avec les groupes Lenka (Justice sociale) et Solidarnost, ont manifesté devant les locaux d’un syndicat ( ?) en dénonçant la collaboration entre les syndicats et le pouvoir politique ; le taux de chômage est de 30% dans l’ensemble du pays et de 62 % dans le nord-est.

20 février

Manif à Banja Luka

(République Serbe de Bosnie). Plus de 1000 manifestants contre la situation sociale. Rassemblement soutenu par les vétérans de la Republika Srbska.

Manif à Bihac ; 100 participants

25 février

Mostar. L’association des victimes civiles de la guerre s’associe au Plenum de Mostar.

 

Croatie. Grève dans la fonction publique où plus de 70 000 salariés ne touchent pas leurs salaires.

Mouvement syndicalement encadré chez les cheminots, dans les transports urbains et la santé.

26 février

Mostar : 20ème jour de protestations quotidiennes.

Tuzla. 1000 manifestants.

Croatie. Manif syndicale  à Zagreb contre la casse du code du travail. Le nouveau code prévoit la possibilité d’élever la semaine de travail à 56 heures, facilite les licenciements et limite le droit de grève.

            Banderole :

                        Le pillage de la Croatie a commencé avec la guerre en 91 …

Voilà, peut-être provisoirement, pêle-mêle quelques premiers éléments diversement glanés qui peuvent éventuellement préciser quelques aspects de la situation.

                                                                                          ljutacorba@voila.fr

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